Un réseau solidaire entre les artistes (freelances)

Ces derniers temps, la rémunération des artistes a déjà fait couler beaucoup d’encre. En novembre 2016, Kunstenpunt publiait une étude intitulée « Loont passie ? » [Peut-on gagner sa vie en exerçant sa passion ?], qui portait sur la position socioéconomique vulnérable de l’artiste. En mai de cette année, un appel a été lancé afin que les artistes fassent des propositions en vue de renforcer leur position d’artistes (Do It Together).

D’aucuns pourraient croire que la solution est évidente : faire d’une rémunération correcte pour les artistes la priorité numéro un et – pourquoi pas – faire en sorte qu’une telle indemnité devienne la chose la plus naturelle au monde.

D’aucuns pourraient croire que la solution est évidente : faire d’une rémunération correcte pour les artistes la priorité numéro un et – pourquoi pas – faire en sorte qu’une telle indemnité devienne la chose la plus naturelle au monde.

Mais bien évidemment, les choses ne sont pas aussi simples que cela.

En effet, dans un secteur extrêmement compétitif comme celui des arts, les organisations et les artistes suffoquent trop souvent.

Dans un secteur extrêmement compétitif comme celui des arts, les organisations et les artistes suffoquent trop souvent.

D’une part, les organisations s’en tiennent au modèle classique de croissance. Même lorsqu’elles reçoivent des subsides identiques, voire moindres, de nombreuses organisations cherchent à atteindre un modèle de croissance et ce, aux dépens de leurs propres travailleurs et artistes. Le prestige, la performance et la concurrence empêchent tout travail à petite échelle, qui soit garant de qualité. Sans oublier que les pouvoirs publics encouragent ce modèle de concurrence et favorisent de ce fait les plus grandes organisations, contribuant ainsi à cette situation.

L’artiste, en revanche, veut faire son propre travail et le montrer autant que possible. Le morcellement total de l’ensemble des artistes (freelances), qui se retrouvent, dans le fond, impuissants, facilite la tâche de ceux qui ne leur proposeront qu’un travail sous-payé, voire non rémunéré. Il y aura toujours bien un artiste qui dira « oui ». Pire encore : un refus peut s’apparenter à un suicide artistique. En effet, chaque présentation peut être un tremplin et définir toute une carrière. Il est crucial d’avoir une certaine « visibilité » pour survivre, mais accepter un travail sous-payé, voire non rémunéré, ne fait que pérenniser cette forme de travail non rémunéré (sous-payé). Ce comportement porte non seulement préjudice à l’artiste en question, mais il crée également un précédent pour les autres collègues.

Ce cercle vicieux que connaît le secteur de la culture doit être brisé. C’est pourquoi la charte pour l’artiste de spectacle entend créer un réseau solidaire entre les artistes (freelances).

L’idée est simple : si suffisamment d’artistes refusent systématiquement tout travail non rémunéré ou sous-payé, il sera de plus en plus difficile de programmer des spectacles, ateliers, conférences, symposiums et lectures sans rémunération, cachet ou accord de collaboration en contrepartie.

En signant cette charte, vous, artiste, venez grandir les rangs de la masse critique nécessaire pour mettre un terme aux indemnités et aux cachets insuffisants. En envoyant systématiquement cette charte lorsque vous refusez de ne pas être payé ou d’être sous-payé, vous envoyez un signal clair à l’ensemble du secteur du spectacle : notre priorité est d’obtenir une rémunération correcte pour les artistes.

La charte, dans sa version actuelle, se limite principalement, pour l’instant, aux activités publiques pour ou au sein des organisations qui comptent au moins un collaborateur salarié (ce qui est généralement le cas). La charte n’empêchera pas, par exemple, que les artistes (freelances) puissent s’aider lorsque, compte tenu de subsides insuffisants, il est tout de même décidé d’organiser une activité avec des moyens limités. Bien entendu, cela ne résout pas le problème de la position vulnérable de l’artiste. Mais cette charte est peut-être l’amorce dont nous avons besoin.

Téléchargez la charte. Lorsque vous refusez de travailler pour une rémunération déraisonnable, joignez toujours la charte et le lien vers le site web.